L’importance de Mouzon est confirmée par le don que fit Clovis à l’archevêque de Reims qui l’a baptisé vers 498 : le Roi Franc donne à Remi le « pagus » de Mouzon (l’équivalent des cantons actuels de Mouzon et de Sedan). L’archevêque de Reims est donc le seigneur de Mouzon tant au spirituel qu’au temporel ce qui facilitera l’implantation de religieuses bénédictines, puis de chanoines, et ensuite de moines bénédictins en l’an 971.
Mouzon prend donc de l’importance, surtout après l’installation des moines bénédictins par Adalbéron, en 971, archevêque de Reims, qui a doté la nouvelle abbaye de terres et d’églises mais aussi de reliques, objets sacrés indispensables pour attirer la foule des pèlerins.
Devant l’affluence des pèlerins et le projet de créer un évêché à Mouzon, la décision d’agrandir l’église primitive est prise. En cette fin de XIIème siècle, le « premier art gothique » est en train de remplacer l’art roman. Un quart de siècle plus tard, en 1212, alors que le nouveau chœur est en service, un violent incendie ravage la ville et la partie de l’édifice qui n’avait pas été reconstruite et qu’il a donc fallu rebâtir sans tarder.
Il est vraisemblable que, dans un souci d’homogénéité, l’architecte a choisi de garder le style, déjà ancien du chœur, pour toute la nouvelle construction, au lieu d’utiliser les dernières inventions techniques. Grâce à ce choix, l’église-abbatiale Notre-Dame présente une grande homogénéité de style.
Découvrez la cellule de recluse de l’abbatiale
Au milieu du XVème siècle, on achève la tour Nord-Ouest (la tour Sud-Ouest le sera au début du XVI°). On construit une chapelle de style gothique flamboyant, en pierre blanche, entre deux contreforts du flanc Nord. Durant ce XV° siècle, une grande verrière également flamboyante, ainsi que le porche sont aménagés dans la façade occidentale.
Au siècle suivant, l’abbé Jean Gilmer, de 1512 à 1531, fait de grands travaux : construction d’une flèche à la croisée du transept, et sans doute, les pinacles sculptés des arcs-boutants du flanc Sud.
Au milieu du XIXème siècle, l’église-abbatiale Notre-Dame, construite fin XIIème– début XIIIème siècle a subi près de 7 siècles de dégradations dues à des intempéries (tempêtes, orages), aux guerres (guerre de « Cent ans », guerres de Louis XIII et Louis XIV) et à l’abandon après la Révolution Française de 1789 et le départ forcé des moines.)
Prosper Mérimée s’adresse à Boeswillwald, disciple de Viollet-le-Duc pour la restauration. Les travaux réalisés sur l’édifice de Mouzon furent très importants : quatre tranches de travaux se succédèrent de 1867 à 1890 pour un coût total évalué à près de 600 000 francs or !
Démontage-remontage, de la toiture et de la charpente des 2 flèches, la tour est ensuite remontée en utilisant le maximum de pierres d’origine ; les sculptures, gargouilles et fausses gargouilles sont également remontées Au flanc Nord, tout le haut du mur, c’est-à-dire celui des sept travées avec leur fenêtre, ainsi que les arcs-boutants correspondants, ont été presque entièrement refaits, reconstruction du mur Sud de la nef ainsi que les arcs-boutants.
En façade, la verrière du XVème siècle est remplacée par quatre fenêtres surmontées d’une rose, s’inspirant des pignons Nord et Sud du transept.
La majorité des voûtes de la nef a été refaite : comme elles étaient affaissées, Boeswillwald les a remontées quand il a redressé les murs au niveau des fenêtres hautes.
Les voûtes du chœur ont, elles aussi, été remontées, de nombreux châpiteaux ont été remplacés ainsi que des pierres en grand nombre :
Boeswillwald a également débadigeonné tout l’édifice, sauf les quatre voûtains de la première travée de la chapelle orientée Sud où l’on peut deviner des scènes de la vie du Christ.
De plus, il semblerait qu’il ait utilisé des dalles funéraires stockées dans la cour du presbytère pour compléter le dallage détérioré partiellement.
Comme nous avons pu le découvrir lors de cet exposé, la restauration de Boeswillwald fut très importante, elle était nécessaire pour la sauvegarde de l’édifice ; sans elle, ou avec des réparations partielles, ce beau monument serait dans un état de dégradations importantes. A-t-il été trop sévère ? Sans doute aurait-il pu garder la belle chapelle du flanc Est et peut-être la grande verrière de la façade occidentale ?
Avec l’Abbé Jussy, curé de Mouzon qui a assisté à la fin des travaux, nous constaterons que Boeswillwald a rendu « toute son antique beauté à ce monument qui intéresse si vivement l’Histoire, la Religion et les Arts. »
Visites guidées :
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